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12 février 2022

En Ukraine, les États-Unis veulent la guerre pour perpétuer leur domination sur l’Europe

 

 

Les véritables adversaires des Etats-Unis sont ses alliés, en Europe et ailleurs : l’objectif est de les empêcher de commercer avec la Chine et la Russie

Par Michael Hudson, le 8 février 2022

Michael Hudson est un économiste américain, Professeur d’économie à l’Université du Missouri (Kansas City) et chercheur au Levy Economics Institute du Bard College. Ancien analyste de Wall Street, c’est également un consultant politique, commentateur et journaliste.

Source : thesaker.is

Traduction : lecridespeuples.fr

Le rideau de fer des années 1940 et 1950 a été ostensiblement conçu pour isoler la Russie de l’Europe occidentale, pour empêcher l’idéologie communiste et la pénétration militaire. Le régime de sanctions d’aujourd’hui vise l’intérieur, voulant empêcher les membres de l’OTAN et autres alliés occidentaux des Etats-Unis d’ouvrir davantage de commerce et d’investissement avec la Russie et la Chine. L’objectif n’est pas tant d’isoler la Russie et la Chine que de maintenir fermement ces alliés dans l’orbite économique de Washington. Les alliés doivent renoncer aux avantages de l’importation de gaz russe et de produits chinois, en achetant à un prix beaucoup plus élevé du GNL (gaz naturel liquéfié) et autres exportations américaines, ainsi que davantage d’armes américaines.

Les sanctions que les diplomates américains insistent pour que leurs alliés imposent contre le commerce avec la Russie et la Chine visent ostensiblement à dissuader une escalade militaire. Mais une telle escalade ne peut pas vraiment être la principale préoccupation russe et chinoise. Ils ont beaucoup plus à gagner en offrant des avantages économiques mutuels à l’Occident. La question sous-jacente est donc de savoir si l’Europe trouvera son avantage à remplacer les exportations américaines par des approvisionnements russes et chinois ainsi que des liens économiques mutuels associés.

Ce qui inquiète les diplomates américains, c’est que l’Allemagne, les autres pays de l’OTAN et les pays situés le long de la Nouvelle route de la soie comprennent les gains qui peuvent être réalisés en ouvrant pacifiquement la voie au commerce et aux investissements. S’il n’existe pas de plan russe ou chinois pour envahir ou bombarder l’Occident, à quoi sert l’OTAN ? Quel est le besoin d’achats aussi importants de matériel militaire américain par les riches alliés des Etats-Unis ? Et s’il n’y a pas de relation intrinsèquement hostile, pourquoi les pays étrangers doivent-ils sacrifier leurs propres intérêts commerciaux et financiers en s’appuyant exclusivement sur les exportateurs et les investisseurs américains ?

Telles sont les inquiétudes qui ont poussé le Président français Macron à invoquer les mânes de Charles de Gaulle et à exhorter l’Europe à se détourner de ce qu’il appelle l’OTAN « en état de mort cérébrale » et sa mentalité de guerre froide, et à rompre avec les accords commerciaux trop favorables aux Etats-Unis qui imposent des coûts croissants à l’Europe tout en lui refusant les gains potentiels du commerce avec l’Eurasie. Même l’Allemagne rechigne aux exigences de Washington de se laisser mourir de froid d’ici mars prochain en se passant de gaz russe.

 

 

Au lieu d’une véritable menace militaire de la Russie et de la Chine, le problème pour les stratèges américains est l’absence d’une telle menace. Tous les pays en sont venus à réaliser que le monde a atteint un point où aucune économie industrielle n’a la main-d’œuvre et la capacité politique pour mobiliser une armée permanente de la taille qui serait nécessaire pour envahir ou même mener une bataille majeure avec un adversaire important. Ce coût politique fait qu’il est peu envisageable pour la Russie de riposter contre l’aventurisme de l’OTAN qui surgit à sa frontière occidentale en essayant d’inciter Moscou à une réponse militaire. Prendre le contrôle de l’Ukraine n’est tout simplement pas rentable pour la Russie.

La pression croissante des Etats-Unis sur ses alliés menace de les chasser de l’orbite américaine. Pendant plus de 75 ans, ils n’avaient guère d’alternative pratique à l’hégémonie américaine. Mais cela est en train de changer. Les Etats-Unis n’ont plus la puissance monétaire et leur excédent apparemment chronique du commerce et de la balance des paiements qui lui ont permis d’établir les règles du commerce et de l’investissement dans le monde en 1944-45. La menace pour la domination américaine est que la Chine, la Russie et le cœur de l’île du monde eurasien tel qu’identifié par le géographe Mackinder offrent de meilleures opportunités de commerce et d’investissement que celles offertes par les États-Unis avec leur demande de plus en plus désespérée de sacrifices de la part de leurs alliés de l’OTAN et d’ailleurs.

L’exemple le plus flagrant est la volonté des États-Unis d’empêcher l’Allemagne d’autoriser le gazoduc Nord Stream 2 à obtenir du gaz russe pour le temps froid à venir. Angela Merkel a convenu avec Donald Trump de dépenser 1 milliard de dollars pour construire un nouveau port de GNL afin de devenir plus dépendant du GNL américain si coûteux (le plan a été annulé après que les élections américaines et allemandes ont changé les deux dirigeants.) Mais l’Allemagne n’a pas d’autre moyen de chauffer nombre de ses maisons et immeubles de bureaux (ou d’approvisionner ses entreprises d’engrais) qu’avec du gaz russe.

Le seul moyen qui reste aux diplomates américains de bloquer les achats européens est d’inciter la Russie à une réponse militaire, puis de prétendre que la nécessité de représailles face à cette réponse l’emporte sur tout intérêt économique purement national. Comme l’a expliqué la sous-secrétaire d’État aux affaires politiques « faucon », Victoria Nuland, lors d’un point de presse du département d’État le 27 janvier, « Si la Russie envahit l’Ukraine d’une manière ou d’une autre, Nord Stream 2 n’avancera pas. » Le problème est de créer un incident convenablement offensif et de dépeindre la Russie comme l’agresseur.

Suite de l'article :

 

En Ukraine, les États-Unis veulent la guerre pour perpétuer leur domination sur l’Europe

Les véritables adversaires des Etats-Unis sont ses alliés, en Europe et ailleurs : l'objectif est de les empêcher de commercer avec la Chine et la Russie Par Michael Hudson, le 8 février 2022 Michael Hudson est un économiste américain, Professeur d'économie à l'Université du Missouri (Kansas City) et chercheur au Levy Economics Institute du Bard...

http://lecridespeuples.fr



 

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